POUR LES DEBUTANTS
1. La position assise
L'aspirant doit s'asseoir sur le sol ou sur une chaise suivant ses préférences. Au cas où il s'assoit au sol, il est
préférable qu'il y dispose un coussin ou un tapis pour une assise confortable. Un sol dur engendrera une fatigue
rapide et distraira la pensée du thème de méditation. Sur une chaise, il devra se tenir bien droit et ne pas
s'appuyer sur le dossier, sans quoi il sera tenter de somnoler.
L'assise sur le sol est préférable car cela permet d'équilibrer le corps dans sa totalité. Les fatigues et courbatures
dues à la posture disparaîtront après quelques séances de pratique.
Assis au sol les hommes prennent la position des jambes croisées l'une sur l'autre, les femmes peuvent replier
les jambes sur le côté (comme on le voit en Asie), si la position est trop difficile, elles peuvent croiser les
jambes. A l'instar des représentations du bouddha, la jambe droite doit venir reposer sur la jambe gauche et la
main droite par dessus la main gauche. Le dos doit être bien droit pour faciliter la respiration.
(D'autres postures sont possibles, là encore elles dépendent des préférences de chacun.)
Bien entendu, il convient dès lors d'observer la pensée, ses idées, ses émotions. Il faut éviter la distraction,
l'occupation. Certains pratiquent la récitation mentale de syllabes, comme par exemple BUD en inspirant et
DHO en expirant. Si l'on préfère, on peut fixer son attention sur la respiration et ainsi ne plus réciter. Quelle
que soit la solution, le but est d'éviter que la pensée ne s'évade et ne se dissipe.
En position assise, certains préfèrent fermer les yeux pour éviter d'être distrait par l'environnement, d'autres
préfèrent laisser les paupières légèrement ouvertes pour éviter de s'endormir. Dans ce dernier cas, il est d'usage
de pointer son regard sur le bout de son nez, afin d'éviter d'embrasser du regard l'environnement d'objets, de
formes et de couleurs. Ils restent alors dans cette position, jusqu'à qu'ils ne voient plus rien ou jusqu'à ce que les
paupières retombent naturellement.
LES DIFFERENTES ETAPES DE LA RESPIRATION
1 - Suivre les successions "inspiration/expiration" (Anubandhanâ)
En tout premier lieu, il convient de respirer aussi profondément que possible, une fois, deux fois et trois fois.
Ensuite, retour à une respiration naturelle et relaxée. Il ne faut jamais forcer les amplitudes à être longues ou
courtes, car cela provoque du stress et des dérangements dans le corps (mal de tête par exemple). Il faut
simplement toujours noter si l'amplitude est longue ou si l'amplitude est courte (ces deux niveaux s'établissant
et se succédant naturellement en fonction de l'activité pulmonaire). Ces données sont justement les éléments
importants à noter. Ensuite, il convient de noter quand on entre dans une phase d'inspiration, qu'on entre dans
une phase d'inspiration. Et quand on entre dans une phase d'expiration, qu'on entre dans une phase
d'expiration.
Pour ceux qui préfèrent être guidés davantage, ils peuvent réciter mentalement la syllabe BUD en inspirant et la
syllabe DHO en expirant. Et ce faisant, ils suivent le parcours du souffle suivant les trois points : le bout du nez,
la poitrine et le ventre.
A l'inspiration, la pointe du nez est le point de départ du cycle respiratoire, la poitrine en est le milieu et le
ventre en est le point final. Tandis qu'on expire, le ventre devient le point de départ, la poitrine en est le milieu
et la pointe du nez en est la fin. C'est un cycle alternatif. L'aspirant ne doit déterminer que deux points
d'attention, la pointe du nez et le ventre. Mais, il doit suivre la respiration, tout au long des trois points.
Durant cette phase, il doit être attentif à la respiration uniquement, à l'exclusion de tout autre sujet.
Il convient de tout faire pour ne pas laisser la pensée s'attarder sur ce qui n'est pas son objet de méditation, à
savoir la respiration.
Si un aspirant parvient à ce résultat, il a réussi la première étape de la méditation.
2 - Etablir le point de contact (Phussanâ)
L'étape suivante, consiste à réduire les trois points de la respiration à un seul point, puis abandonner le restant.
L'aspirant doit déterminer le point de contact, c'est-à-dire le point où le souffle entre en contact avec le corps.
Avec cette méthode, l'aspirant économise ses efforts et son énergie puisqu'il n'y a plus à suivre les respirations
en dedans et en dehors. Ce point de contact doit être trouvé en fonction de ce qui apparaît comme le plus
évident, le plus confortable et le plus immédiat. Et cela peut être le bout du nez, la poitrine ou le ventre.
Cependant, le point qui correspond le mieux à la pratique est l'extrémité du nez, qui est aussi le plus évident
pour beaucoup.
Dans cette seconde étape, la respiration apparaîtra comme plus légère, plus fine que durant la première étape.
La respiration peut devenir si légère qu'on a l'impression qu'il n'y a plus de souffle du tout. C'est le signe que la
pensée a été mise au repos avec succès. Le sujet s'installe dans une sorte de sécurité solide. Plus longtemps cette
position pourra être entretenue, plus longtemps la pensée sera forte.
3 - Le décompte des cycles respiratoires (Gananâ)
Au cas où l'aspirant éprouverait des difficultés à se concentrer et voudrait essayer une autre méthode, la
méthode du décompte des cycles respiratoires lui offre une alternative qui peut produire de meilleurs résultats.
Elle est appelée Gananâ, c'est à dire "compter". L'attention doit être portée seulement sur le bout du nez
et sur les inspirations et les expirations. Il y a deux méthodes de comptage :
A. le comptage lent.
B. le comptage rapide.
A. Le comptage lent
Première étape :
Ayant accompli les préliminaires décrits ci-dessus, l'aspirant doit compter mentalement comme suit :
- En inspirant, il compte 1, en expirant, il compte 1,
- En inspirant, il compte 2, en expirant, il compte 2,
- En inspirant, il compte 3, en expirant, il compte 3,
- En inspirant, il compte 4, en expirant, il compte 4,
- En inspirant, il compte 5, en expirant, il compte 5.
Puis, il renverse le système comme suit :
- En inspirant, il compte 5, en expirant, il compte 5,
- En inspirant, il compte 4, en expirant, il compte 4,
- En inspirant, il compte 3, en expirant, il compte 3,
- En inspirant, il compte 2, en expirant, il compte 2,
- En inspirant, il compte 1, en expirant, il compte 1.
Deuxième étape :
Recommencer la première série de un à cinq cycles, puis en sens inverse. Recommencer avec six cycles, puis en
sens inverse.
Troisième étape :
Recommencer avec sept cycles, puis en sens inverse.
Quatrième étape :
Recommencer avec huit cycles, puis en sens inverse.
Cinquième étape :
Recommencer avec neuf cycles, puis en sens inverse.
Sixième étape :
Recommencer avec dix cycles, puis en sens inverse.
Ayant achevé cette série en six étapes de cinq à dix cycles, dans un sens puis en sens inverse, l'aspirant
recommence l'ensemble des six étapes et ainsi de suite. Il recommence jusqu'à ce qu'il soit sûr de le faire sans se
tromper.
B. Le comptage rapide
Ayant parachevé son apprentissage du comptage lent, l'aspirant peut se consacrer au comptage rapide qui
permet de renforcer ses capacités de concentration. A ce niveau, il doit fixer son attention uniquement sur le
point de contact et ne plus suivre le souffle en inspiration et en expiration. Le décompte se fait comme suit :
Première étape :
En inspirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5
En expirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5
Deuxième étape :
En inspirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6
En expirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6
Troisième étape :
En inspirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
En expirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Quatrième étape :
En inspirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
En expirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Cinquième étape :
En inspirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
En expirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Sixième étape :
En inspirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
En expirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
On peut également décompter de la manière suivante :
- En inspirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5,
- En expirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6,
- En inspirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7,
- En expirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8,
- En inspirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9,
- En expirant, il compte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Ayant terminé ces six étapes, il recommence. Cet exercice doit être répété jusqu'à ce qu'on le fasse sans être
distrait ou déconcentré. La pensée entrera alors dans une phase de repos et l'attention sera fixée sur le point de
concentration (ici, la pointe du nez par exemple, ou tout autre point de contact avec le souffle).
Un aspirant qui parvient à réaliser cet exercice est considéré comme ayant réussi cette étape.
Dans le processus de comptage ascendant et descendant, le nombre de cycles ne doit pas être inférieur à cinq, ni
supérieur à dix. En dessous de cinq, la séquence n'a pas assez de consistance et les successions sont trop
rapprochées, au-dessus de dix, les successions sont trop nombreuses et l'effort de mémoire nécessaire contrarie
l'effort de concentration.