Dans quelques secondes, nous allons nous retrouver au-dessus de la
terre ferme, ce qui laisse à penser qu'il y a encore quelques mètres
carrés de terre non bitumée, mais ce n'est pas vraiment vrai.
Parler de "béton ferme" serait donc plus approprié. Toujours
est-il qu'au fond, on distingue encore l'île de Hongkong avec les
quartiers de Wanchai (à droite), de Causeway Bay (au
centre) et de North Point (à gauche).
Et en plein devant nous, la péninsule de Kowloon dans toute sa
splendeur. A son extrémité, le quartier de Tsim Sha Tsui,
vers le centre, celui de Yau Ma Tei, et vers la gauche, celui de
Mong Kok (l'un des plus dense).
Notez au passage l'abri anti-typhon pour les bateaux, aux abords du
quartier de Yau Ma Tei. La légende veut que certains des
"boat people" qui y habitent ne viennent jamais à terre. C'était
peut-être vrai auparavant, mais ça n'est sûrement plus le
cas de nos jours. Eh oui, tout fout le camp.
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En 1938, alors que Canton était occupé par les Japonais,
Kai Tak vit passer 10.000 passagers, soit 3 fois plus qu'en 1937.
Parmi ceux-ci, les trois quarts étaient des réfugiés.
Le 25 août, un avion avec 14 passagers fut descendu par les Japonais
et ceux qui survécurent au crash dans la rivière des perles
eurent droit aux rafales des pétoires japonaises. Il n'y eut que
3 survivants. Et pourtant, cela n'empêcha pas les avions de la CNAC
(Chinese National Aviation Corporation) de voler. En effet, les projecteurs
qui avaient été installés aux abords de Kai Tak
l'année précédente permettaient aux avions de se poser
la nuit.
Le 8 décembre 1941, 36 bombardiers japonais en provenance de
Canton, larguèrent leurs bombes sur Kai Tak. 5 des avions
qui y étaient garés furent épargnés, camouflés
par un rideau de fumée noire. Ils furent utilisés lors de
16 missions de sauvetage durant lesquelles 275 personnes (en majorité
des employés de la CNAC) furent évacuées et le 10
décembre, Kai Tak fut fermé pendant 44 mois d'occupation
qui virent la surface de l'aérodrome passer de 83 à 152 hectares.
Une des curiosités de Kai Tak qui gênait les Japonais,
c'était la présence de la colline sacrée du Sung
Wong Toi, qui avait indiqué pendant 700 ans l'endroit où
Cheung Hing Bing, le dernier empereur de la dynastie Sung,
âgé de 11 ans, passa les derniers instants de sa vie. Pour
des avions d'avant-guerre, elle n'était pas vraiment gênante,
mais pour les futurs gros porteurs, il devenait nécessaire de s'en
débarrasser. Les Japonais organisèrent donc une fête
pour le rocher, à laquelle ils invitèrent une cinquantaine
de moines bouddhistes qui pendant 3 jours permirent d'apaiser les ardeurs
de la population. Et lorsqu'ils firent sauter le gros rocher que constituait
cette colline, le coin qui était gravé fut miraculeusement
épargné. Après la guerre, un petit jardin y fut aménagé
et on en fit un mémorial.
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